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Témoignages personnels > G-L BaronHommage à François VillemonteixLe texte qui suit est issu de : Baron, G.-L. (2018, octobre 3). Hommage à François Villemonteix.Adjectif.net. Consulté 5 mars 2019, à l’adresse http://www.adjectif.net/spip/spip.php?article475&lang=fr
C’est difficile à accepter, mais le fait est là : notre collègue François Villemonteix a succombé le 5 septembre 2018 des suites d’un arrêt cardio-respiratoire survenu la semaine précédente, sans signes avant-coureurs. Professeur de Sciences de l’éducation à l’université de Lille depuis la rentrée 2017, il avait 56 ans et laisse une femme et deux fils. Cette tragédie met prématurément un terme au parcours d’un homme talentueux pétri des valeurs traditionnelles de l’Éducation nationale. François aura été un exemple éminent de la perméabilité entre la pratique, la décision et la recherche. Nommé instituteur en 1984, il était ensuite devenu professeur des écoles, conseiller pédagogique chargé des TIC au rectorat de Paris (1998), chargé d’études au bureau de la formation des enseignants du ministère de l’Éducation nationale (2004), inspecteur (2008), maître de conférences à l’IUFM de Versailles (2011), puis directeur adjoint de cette institution en 2012 avant d’être élu professeur il y a un an. Cette succession de positions institutionnelles a été accompagnée d’un cursus exemplaire en Sciences de l’éducation, dont je peux témoigner pour avoir dirigé son DEA (2004) et sa thèse (2007), puis avoir été le garant de son habilitation à diriger les recherches (2015). Le fil directeur de son intérêt scientifique est composé de plusieurs brins tous liés à une pratique : la pédagogie, la formation et l’accompagnement des enseignants du primaire aux différentes formes de technologies de l’information et de la communication (TIC) ainsi que les changements pouvant survenir dans leurs pratiques (cf. quelques exemples de publication ci-dessous). Il a été en particulier, avec Jacques Béziat et moi-même, à l’initiative de la série de colloques ETIC (École et TIC, renversant l’ordre des termes dans le sigle TICE), dont la troisième édition a eu lieu en juin 2018 à Paris Descartes. Il s’était aussi tourné vers la question de l’enseignement de l’informatique à l’école primaire, en participant activement au projet ANR DALIE (Didactique et apprentissage de l’informatique à l’école). À l’issue de ce projet, il avait pris l’initiative de soumettre à l’ANR un projet prolongeant cette problématique, qui vient d’être accepté et que d’autres devront porter : IECARE (Informatique à l’école : conceptualisations, accompagnement, ressources). Enfin, la francophonie et le problème passionnant de la prise en compte des technologies de l’information et de la communication dans des pays dits “moins avancés”, en particulier en Afrique subsaharienne et à Madagascar, l’avaient aussi beaucoup intéressé. Je garde particulièrement de lui plusieurs types de souvenirs : d’abord, une profonde humanité, une humilité, même, parfois dissimulée par sa détermination et son charisme. Ensuite une capacité de travail hors du commun, une immense curiosité et une grande culture, y compris dans les domaines scientifique et technique. Il avait ainsi une aisance dans la mise en œuvre des outils statistiques que je trouve tout à fait remarquable. Du point de vue des références épistémologiques, il est un exemple de syncrétisme créateur, nourri aux sources de la systémique, empruntant surtout aux différents courants des sciences de l’éducation, mais aussi aux sciences sociales. Son positionnement est original et courageux. Chercheur reconnu il a suivi le parcours autrefois décrit par Beillerot : praticien en recherche, il est devenu chercheur sans pour autant se couper du terrain. Il n’a pas hésité à se confronter à l’expertise et à la prescription, moyens de peser sur le cours des choses, en prenant soin de ne pas les exercer en même temps que la recherche. Pour l’avenir, je suis convaincu que d’autres poursuivront la voie qu’il a ouverte en s’inspirant des idées et des valeurs qu’il a mises en œuvre ; je pense en particulier aux étudiants dont il a dirigé les recherches et aux praticiens en recherchequ’il a accompagnés. Pour notre part, au sein du collectif informel avec lequel il travaillait, associant des acteurs de tout statut de Paris Descartes, Caen, Cergy Pontoise, Lille, Patras… nous sommes très tristes et pensons particulièrement à sa famille et à ses proches. Ci-dessous, quelques références bibliographiques qui témoignent de son investissement dans la recherche. Références bibliographiques
Baron, G.-L., Netto, S., Villemonteix, F., Voulgre, E. et Dejeumeni-Tchamabe, M. (2014). Rapport scientifique d’étape en juin 2014 du projet SUPERE. Université Paris Descartes, Laboratoire EDA (EA 4071).https://edutice.archives-ouvertes.fr/edutice-01107625/document Baron, G.-L. et Villemonteix, F. (2016). Accompagnement et supervision des maîtres du primaire. Réflexions issues du projet de recherche SUPERE-RCF. In Repenser la formation continue des enseignants en Francophonie : L’initiative Ifadem. Beillerot, J. (1991). La « recherche » : essai d’analyse. Recherche et Formation, 9, 15‑30.http://ife.ens-lyon.fr/publications/edition-electronique/recherche-et-formation/RR009.pdf Villemonteix, F. (2011). Informatique scolaire à l’école primaire. Spécificité et devenir du groupe professionnel des animateurs TICE. Paris : L’Harmattan. Villemonteix, F. (2016). Quel enseignement de l’informatique à l’école primaire ? Le point de vue d’acteurs de l’accompagnement des pratiques pédagogiques. Présenté à Didapro6 DidaSTIC : didactique de l’informatique et des STIC - Sciencesconf.org, Namur. http://didapro6.sciencesconf.org/76425 Villemonteix, F. et Baron, G.-L. (2012). L’informatique à l’école : le modèle du « pair-expert » en mutation ? Questions Vives. Recherches en éducation (16), 59-72. https://journals.openedition.org/questionsvives/932. Villemonteix, F., Baron, G.-L. et Béziat, J. (Éd.). (2016).L’école primaire et les technologies informatisées : des enseignants face aux TICE. Villeneuve d’Ascq, France : Presses universitaires du Septentrion. Villemonteix, F. et Stolwijk, C. (2011). Processus d’adoption du TNI : quelle part de soi ? In G.-L. Baron, E. Bruillard et V. Komis (Éd.), Didapro 4 - Dida & STIC. Sciences et technologies de l’information et de la communication (STIC) en milieu éducatif. Analyse de pratique et enjeux didactiques(p. 251‑260). Athènes : New technologies editions.http://edutice.archives-ouvertes.fr/docs/00/66/19/61/PDF/VillemonteixStolwijkDidapro2011.pdf Profil professionnel de François Villemonteix sur le site internet de l’université de Lille : Site internet personnel : http://villemonteix.net/ |